La chirurgie de la tumeur primitive

1 La chirurgie constitue le traitement de référence du cancer colorectal. À moins d’une contreindication particulière (âge, état général du patient…), elle est proposée à tous les patients avec une tumeur localisée et discutée au stade métastatique3.
L’intervention, appelée colectomie, consiste à enlever la zone du côlon comprenant la tumeur ainsi qu’une marge de sécurité de 5 cm minimum autour de la tumeur afin de ne pas laisser de cellules cancéreuses en place. La zone retirée est plus ou moins importante selon la localisation de la tumeur et son degré d’avancement3.

Elle se déroule sous anesthésie générale. Il existe trois possibilités3 :

  • la laparotomie : c’est l’opération chirurgicale classique qui consiste à faire une incision dans la paroi abdominale,
  • la coelioscopie : c’est une alternative assez fréquente à la laparotomie. Elle permet d’éviter de faire une large incision à travers la paroi abdominale, mais consiste uniquement en trois ou quatre petits orifices d’un centimètre environ pour faire passer les instruments chirurgicaux ainsi qu’une petite caméra.
  • l’exérèse par voie transanale : c’est une procédure nécessitant une expertise particulière. Elle consiste, grâce à un appareil de visualisation (rectoscope) permettant l’insertion des instruments chirurgicaux. à passer par les voies naturelles pour retirer les tumeurs petites et superficielles du rectum situées suffisamment près de l’anus.

Rarement, au cours de l’opération, si l’inflammation locale est trop importante ou que la cicatrisation des deux extrémités du tube digestif semble difficile, le chirurgien peut décider de mettre en place une colostomie. Il s’agit d’une poche collée à un orifice de l’abdomen dans laquelle sont récoltées les selles. La plupart du temps, celle-ci est temporaire et la continuité du transit est rétablie une fois la cicatrisation achevée3.

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1 La zone à retirer dépend de la localisation de la tumeur et de son extension. Si la tumeur est située au niveau du côlon ascendant, le chirurgien retire le côlon droit, ainsi que la moitié droite du côlon transverse. C’est ce qu’on appelle une hémicolectomie droite. Le chirurgien effectue ensuite une anastomose pour relier l’intestin grêle et la partie restante du côlon6.

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2 Si la tumeur est située au niveau du côlon descendant, le chirurgien retire le côlon gauche avec ou sans la moitié gauche du côlon transverse. Une partie du côlon sigmoïde (située juste avant le rectum) peut également être retirée. On parle d’hémicolectomie gauche. Le chirurgien réalise ensuite une anastomose pour relier les deux parties du côlon restantes6.

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3 Si la tumeur est située sur la partie terminale du côlon, juste avant le rectum, le chirurgien retire le côlon sigmoïde. C’est une sigmoïdectomie. Une anastomose est ensuite effectuée pour relier le côlon au rectum6.

En présence de plusieurs localisations tumorales, la totalité du côlon est retirée, on parle alors de colectomie totale3,6.

Pour les tumeurs localisées au niveau du rectum, tout ou une partie de ce dernier doit être retiré, c’est une proctectomie3,6.

La chirurgie des métastases hépatiques

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1 La localisation la plus fréquente des métastases du cancer colorectal se situe dans le foie. Certaines métastases peuvent être retirées par chirurgie. On dit alors qu’elles sont résécables12.

La résection des métastases hépatiques peut réussir à condition que l’emplacement des métastases ne pose pas de risque opératoire, et à condition que la résection laisse suffisamment de tissu fonctionnel (> 25 % à 40 % du tissu hépatique)12.

L’intervention commence par un bilan morphologique préopératoire, qui consiste à une exploration complète de la cavité abdominale, suivie d’une exploration visuelle et manuelle du foie, complété par une échographie per-opératoire12.

2 Les métastases situées au niveau du foie sont parfois retirées en même temps que la tumeur primitive, mais le plus souvent, une deuxième intervention est programmée deux ou trois mois plus tard pour les retirer. Dans ce cas, une chimiothérapie est proposée entre les deux opérations pour réduire la taille des métastases et faciliter leur retrait3. L’intervention consiste à retirer la partie du foie malade. Le foie se régénère ensuite, il est donc possible d’en retirer une partie importante12.

L’intervention doit enlever de manière radicale toutes les métastases individualisées sur le bilan morphologique préopératoire et l’échographie per-opératoire. Les zones contenant des lésions qui auraient disparues sous chimiothérapie doivent aussi être réséquées dans la mesure du possible12.

Les traitements médicamenteux de la forme non métastatique

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Les traitements médicamenteux ne sont pas systématiques. Leur utilité et leur efficacité dépendent du stade du cancer, c’est-à-dire de son étendue15.

Pour les cancers localisés, la chirurgie peut suffire à elle seule à guérir le cancer. Le risque de propagation des cellules cancéreuses est très faible à ce stade et les traitements médicamenteux ne sont généralement pas utiles3.

Dans certains cas, une chimiothérapie peut être envisagée en complément de la chirurgie, notamment si la tumeur présente des caractéristiques agressives3.

Si des ganglions sont atteints par des cellules cancéreuses, une chimiothérapie est recommandée après la chirurgie. On parle de chimiothérapie adjuvante. Elle a pour but de réduire le risque de récidive et d’améliorer les chances de guérison16.

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La chimiothérapie du cancer du côlon fait appel à une ou plusieurs molécules administrées en cures de plusieurs jours, espacées chacune de plusieurs jours ou semaines14.

La chimiothérapie a pour but de détruire ou d’empêcher la multiplication des cellules cancéreuses (action large)14.

Souvent, plusieurs chimiothérapies sont utilisées pour augmenter l’efficacité14.

La chimiothérapie s’administre par cures ou cycles de traitement. Ces cycles sont suivis de périodes de repos14.

Le traitement est le plus souvent ambulatoire et dure 3 à 6 mois6.

Les traitements médicamenteux contre le cancer sont des traitements généraux, dits aussi traitements systémiques, qui agissent dans l’ensemble du corps. Cela permet d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation, même si elles sont isolées et n’ont pas été détectées lors du diagnostic6.

La chimiothérapie conventionnelle, les thérapies ciblées et les immunothérapies spécifiques n’ont pas le même mode d’action18 :

  • Les médicaments de chimiothérapie conventionnelle agissent sur les mécanismes de la division des cellules.
  • Les thérapies ciblées bloquent des mécanismes spécifiques de croissance ou de propagation des cellules cancéreuses en interférant avec des altérations moléculaires ou avec des mécanismes qui sont à l’origine de leur développement ou de leur dissémination.
  • Les immunothérapies spécifiques (également appelées inhibiteurs de points de contrôle) sont des médicaments visant à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses.

Votre médecin établira une proposition de traitement personnalisée à votre situation et peut aussi vous proposer de participer à un essai clinique3.

La chimiothérapie conventionnelle

2 Les effets indésirables de la chimiothérapie dépendent des médicaments utilisés et sont en général modérés3.

Si les chimiothérapies sont de mieux en mieux tolérées aujourd’hui, c’est parce qu’elles s’accompagnent de l’administration de médicaments prévenant ou limitant les effets indésirables tels que les vomissements. Ainsi, des antinauséeux puissants sont systématiquement associés à la chimiothérapie conventionnelle.

Certains effets indésirables peuvent néanmoins se produire3,6.

  • Fatigue/asthénie : elle peut être liée à la tolérance au traitement, au nombre de cures et aux autres effets indésirables qui peuvent y contribuer.
  • Nausées : elles surviennent souvent le soir ou le lendemain de la chimiothérapie. Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements.
  • Inflammations de la bouche et des muqueuses du tube digestif : elles peuvent être soulagées par des bains de bouche à base de bicarbonate de sodium.
  • Fourmillements au niveau des doigts et des orteils : ils sont surtout liés au contact d’objets froids et sont parfois invalidants et prolongés.
  • Diminution de la production des cellules sanguines : des traitements peuvent être prescrits dans certains cas pour stimuler la moelle osseuse et permettre la récupération de globules blancs entre deux cures.
  • Rougeurs, gonflements ou cloques au niveau des pieds et des mains : ils peuvent être limités par une hydratation de la peau et des bains réguliers.
  • Perte de cheveux : plutôt rare avec les chimiothérapies du cancer colorectal, mais possible. Elle est réversible à l’arrêt du traitement.

Les thérapies ciblées

2 Les thérapies ciblées sont généralement bien tolérées, mais elles provoquent dans certains cas des effets indésirables spécifiques. Certains effets indésirables peuvent être soulagés grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques.

Les effets indésirables les plus fréquents sont3,6 :

  • Nausées et vomissements : elles sont fréquentes ou très fréquentes. Pour les éviter, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l’eau froide et d’attendre 1 à 2 heures avant de manger.
  • Diarrhée : elle peut être limitée par un traitement antidiarrhéique. Une bonne hydratation en buvant entre 1,5 et 2 litres par jour est aussi recommandée.
  • Lésions de la bouche : des lésions à l’intérieur de la bouche et le long du tube digestif (aphtes, rougeurs, douleurs) peuvent survenir. Ces lésions peuvent être soulagées par un traitement antidouleur adapté.
  • Troubles cutanés et syndrome « main-pied » : ils se manifestent par des rougeurs, plaques, dessèchement, tiraillement, ainsi que des éruptions cutanées. Parmi ces troubles, le syndrome main-pied se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Ces troubles peuvent être soulagés par des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou par des soins locaux6.
  • Perte d’appétit : si elle se prolonge, elle peut entraîner une perte de poids, appelée dénutrition. La dénutrition risque de causer une fonte des muscles, une diminution de la force musculaire ou une fatigue importante. Ces aggravations doivent être limitées le plus précocement possible à l’aide du conseil d’un diététicien ou d’un médecin nutritionniste.
  • Troubles hépatiques : les symptômes évocateurs sont les nausées, vomissements, fièvre, jaunisse et douleurs abdominales. Une surveillance de certaines enzymes hépatiques est nécessaire.

Les immunothérapies spécifiques

2 Les immunothérapies spécifiques provoquent dans certains cas des effets indésirables immunologiques qui peuvent survenir jusqu’à plusieurs mois après la fin du traitement et leur gestion est spécifique. Certains effets indésirables peuvent être graves, il est important de savoir en reconnaître les symptômes.

Vous devez prévenir immédiatement votre médecin si l’un des effets indésirables, signes ou symptômes suivants se produit, en particulier6,18 :

  • Troubles digestifs : diarrhées, selles plus fréquentes qu’habituellement, douleurs au ventre, nausées, vomissements, présence de sang ou de mucus dans les selles.
  • Fatigue : elle dépend de votre tolérance à ce traitement, du nombre de cures et des effets indésirables.
  • Mauvais fonctionnement de la thyroïde et autres glandes endocrines : altération du fonctionnement de la thyroïde avec prise/perte de poids inexpliquée, modification de la voix (plus grave), sensation de froid, accélération du rythme cardiaque, maux de tête, augmentation de la transpiration et grande fatigue. Les immunothérapies spécifiques peuvent aussi provoquer l’apparition d’un diabète avec perte de poids, un besoin d’uriner plus fréquent, ou encore une sensation de soif et de faim plus importante.
  • Troubles hépatiques : les symptômes évocateurs sont les nausées, vomissements, fièvre, jaunisse et douleurs abdominales. Une surveillance de certaines enzymes hépatiques est nécessaire.
  • Inflammation de la peau : réactions cutanées de type rash, démangeaisons avec des rougeurs, des tâches colorées ou des vésicules, des ulcères ou des desquamations.
  • Réactions à la perfusion et réactions allergiques : gonflement du visage, des lèvres et de la langue, difficultés à respirer ou essoufflement, fièvre, réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons), ou tout autre trouble inhabituel.