L’histoire de Myriam
Aller au-delà des préjugés
Découvrez Myriam, infirmière et atteinte d'un cancer du poumon, se livrant à propos de son combat contre les préjugés liés à la maladie.
  • Résumé

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Roxanne, atteinte d’un cancer du poumon après des années de tabagisme, raconte sa rencontre avec Myriam, une infirmière pleine de vie qui lutte elle aussi contre la maladie. Leur amitié commence par un moment léger autour d’une pantoufle égarée, mais Myriam lui ouvre les yeux sur les préjugés liés au cancer du poumon, notamment la stigmatisation des malades. Non-fumeuse, Myriam ressent une injustice et regrette les jugements simplistes. Son histoire rappelle l’importance de la compassion et de l’acceptation de l’incertitude. Roxanne lui rend hommage et promet une nouvelle rencontre inspirante dans le prochain épisode.

Bonjour à tous. Moi, c’est Roxanne. Je pense que l’on peut dire que je suis une femme vive, dynamique, toujours en quête d’aventures. Enfin, ça c’était surtout avant. Parce que depuis l’âge de 18 ans, j’ai un super copain que je trouvais jusqu’à peu très réconfortant : la cigarette. C’était une relation d’amour-haine. Je dirai même, une relation toxique. Car même si une partie de moi connaissait les dangers du tabac, je n’imaginais pas qu’un jour, il me le ferait payer au prix fort. À 40 ans, après près de 22 ans de tabagisme et une toux persistante, transformée en bronchites à répétition, que j’ai d’abord ignorée, j’ai consulté un médecin. Le verdict est tombé comme un couperet : "c’est un cancer du poumon". C’était comme si le sol s’ouvrait sous mes pieds et m’engloutissait. La culpabilité s’est alors ajoutée à ma peur : comment avais-je pu ignorer les avertissements ? Alors, aujourd’hui, je me bats. Mes proches me disent que je suis forte, mais je n’ai pas le choix. Au cœur de l’hôpital, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui passent aussi par cette douloureuse épreuve et qui m’ont soutenue et tant appris. Mais surtout, ils m’ont tous donné des clés qui me permettent d’avancer.

Clé #2 - Aller au-delà des préjugés

C’est lors d’une de mes séances de physiothérapie à l’hôpital que j’ai rencontré Myriam. J’avais pour habitude d’y aller en pantoufles, une manière pour moi de garder un peu de mon chez-moi avec moi. Ce jour-là, je portais celles qui avaient la forme de grandes patates, un cadeau d’un ami qui voulait me faire rire. Alors que je marchais dans le couloir, l’une de mes pantoufles a glissé de mon pied, me laissant en équilibre précaire. J’ai essayé de la rattraper, mais elle avait décidé de poursuivre son propre chemin et s’est mise à glisser le long du couloir, comme guidée par une force mystérieuse. Derrière moi, j’ai entendu un éclat de rire. Je me suis retournée et j’ai vu Myriam, une infirmière que je n’avais jamais rencontrée auparavant, tenant ma pantoufle fugitive dans la main.

"J’ai entendu dire que les patates pouvaient germer, mais jamais s’enfuir !" m’a-t-elle dit en riant. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire à mon tour.

"Merci de sauver ma patate en cavale", ai-je répondu.

Depuis ce jour-là, à chaque fois que Myriam et moi nous croisons dans les couloirs, elle me taquine sur mes pantoufles rebelles. Cette rencontre inattendue a été le début d’une belle amitié.

La vie de Myriam était remplie d’amour avec ses trois enfants et Thomas, son compagnon. Elle est une grande sœur au sein d’une grande fratrie, élevée par sa mère seule après le décès de son père suite à une leucémie. Myriam m’a parlé de son propre combat contre le cancer du poumon. Malgré les symptômes, la tumeur, les traitements, elle n’a jamais abandonné. Elle m’a confié sa frustration face à la stigmatisation associée au cancer du poumon, insistant sur le fait qu’elle n’avait jamais fumé. Myriam ressent une honte associée au cancer du poumon à cause des préjugés, notamment sur le tabagisme. Elle insiste souvent sur le fait qu’elle ne fume pas et que tous les fumeurs ne méritent pas d’avoir un cancer. Ce qui m’a le plus marquée, c’est sa détermination à continuer à vivre normalement malgré la maladie. Suite au diagnostic, elle a continué à travailler et à faire ce qu’elle aime. Elle vit cependant dans une constante inquiétude liée à l’évolution de sa maladie. Myriam a été confrontée à des théories alternatives concernant les origines de son cancer. Elle a cherché des réponses quant à sa cause, mais a finalement accepté qu’il n’y a peut-être pas de réponse. Un jour, elle m’a même déclaré qu’elle aurait préféré un cancer du sein, le jugeant "plus acceptable". En partant ce jour-là, elle m’a confié que, selon elle, les personnes atteintes de maladies chroniques vivent avec une incertitude constante. Elle a alors souligné l’importance de la compassion et de la compréhension, plutôt que des jugements ou des préjugés. Elle voudrait que les gens prennent conscience de la complexité de la maladie, sans se limiter à des stéréotypes ou à la stigmatisation.

À travers son combat contre le cancer, Myriam me rappelle que les préjugés sont des obstacles qui ajoutent inutilement à la douleur des personnes touchées. Sa détermination et sa capacité à rire des petites choses de la vie m’ont enseigné la valeur de la compréhension et de l’empathie. Alors que la plupart des gens cherchent des réponses claires, Myriam nous montre que parfois, accepter l’incertitude est en soi un acte de courage. Ce récit est un hommage à cette personne que j’ai eu la chance de rencontrer. Dans le prochain épisode, je vous présenterai Théophile, un artiste au regard particulièrement expressif, capable de transmettre une émotion que je n’avais jamais connue auparavant.

À suivre.