Roxanne raconte sa rencontre avec Théophile, un artiste atteint d’un cancer du poumon, à l’hôpital. Après un incident comique à la cafétéria, ils échangent sur la maladie et l’importance de l’art comme thérapie. Théophile, exposé au tabac et à l’amiante, a traversé un parcours médical difficile avant de se tourner vers la peinture. Il enseigne aux patients, convaincu du pouvoir de la création pour mieux vivre avec la maladie. Inspirée, Roxanne découvre une nouvelle passion et réalise l’importance de s’adonner à d’autres activités. Elle promet de présenter Mélodie, une figure clé du soutien aux malades.

Bonjour à tous. Moi, c’est Roxanne. Je pense que l’on peut dire que je suis une femme vive, dynamique, toujours en quête d’aventures. Enfin, ça c’était surtout avant. Parce que depuis l’âge de 18 ans, j’ai un super copain que je trouvais jusqu’à peu très réconfortant : la cigarette. C’était une relation d’amour-haine. Je dirai même, une relation toxique. Car même si une partie de moi connaissait les dangers du tabac, je n’imaginais pas qu’un jour, il me le ferait payer au prix fort. À 40 ans, après près de 22 ans de tabagisme et une toux persistante, transformée en bronchites à répétition, que j’ai d’abord ignorées, j’ai consulté un médecin. Le verdict est tombé comme un couperet : "c’est un cancer du poumon". C’était comme si le sol s’ouvrait sous mes pieds et m’engloutissait. La culpabilité s’est alors ajoutée à ma peur : comment avais-je pu ignorer les avertissements ? Alors, aujourd’hui, je me bats. Mes proches me disent que je suis forte, mais je n’ai pas le choix. Au cœur de l’hôpital, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui passent aussi par cette douloureuse épreuve et qui m’ont soutenue et tant appris. Mais surtout, ils m’ont tous donné des clés qui me permettent d’avancer.

Clé #4 – Ne pas garder la douleur pour soi

Une après-midi, lors d’une journée bien remplie à l’hôpital, j’ai été témoin d’un spectacle inattendu. Alors que je m’efforçais de faire un peu d’exercice dans le couloir, j’ai entendu le doux son d’un ukulélé. Intriguée, j’ai levé les yeux pour découvrir une femme aux cheveux roses vifs, assise en tailleur sur un tapis, jouant joyeusement de son instrument. Je me suis arrêtée, un peu surprise par cette apparition musicale venue d’un autre monde dans un lieu aussi sérieux. Elle a remarqué mon regard, a souri, et a dit : "Salut ! Moi c’est Mélodie. Désolée de te déranger, je viens ici pour jouer un peu pour les patients et les soignants. Ça les détend. Tu veux que je joue pour toi ?" Étonnée mais curieuse, j’ai hoché la tête. "Tu connais 'Somewhere Over the Rainbow' ?" Elle a ri doucement et a commencé à jouer la chanson. Sa voix douce et mélodieuse m’a immédiatement apaisée. Après la chanson, je l’ai remerciée et nous avons commencé à discuter. J’ai appris que Mélodie était une musicothérapeute bénévole à l’hôpital. Elle venait régulièrement, croyant que la musique pouvait offrir du réconfort et aider à la guérison. Nos sessions sont rapidement devenues un rituel. Chaque fois que je la voyais, elle me jouait une nouvelle chanson, et parfois, je chantais avec elle. Mélodie m’a fait découvrir le pouvoir de la musique dans les moments difficiles.

Le jour de notre rencontre, Mélodie s’est confiée sur la brutalité de son diagnostic. Elle m’a raconté la complexité de son parcours médical, de ses traitements à la réadaptation. Mélodie est une femme de 50 ans, mère d’un adolescent qui a travaillé dans l’humanitaire pendant 15 ans. Elle n’a jamais fumé, et son diagnostic de cancer du poumon a été une découverte fortuite à un stade avancé. C’est un de ses amis médecins qui lui a conseillé de faire un scanner alors qu’elle se plaignait de soucis de santé. Elle a immédiatement subi une lobectomie et une chimiothérapie. Suite à sa maladie, elle a été arrêtée 9 mois et compte reprendre le travail à temps partiel. Mélodie a été très active tout au long de sa vie, s’adonnant à de nombreuses activités sportives et sociales à Paris. Plongée sous-marine, capoeira, krav maga, natation, course, yoga, rien ne l’arrêtait. La nouvelle du cancer a été brutale et inattendue, étant donné qu’elle menait une vie saine. Face à son diagnostic, elle a ressenti une série d’émotions, de l’incompréhension à la mobilisation pour lutter contre la maladie. Souvent, elle aborde la stigmatisation associée au cancer du poumon et la supposition courante que c’est une maladie liée au tabagisme. Elle souligne que cette perception est largement répandue, même parmi les professionnels de santé. Son histoire me fait réaliser l’importance du soutien, qu’il soit médical, familial ou communautaire, dans le parcours de guérison. Elle nous conseille à tous de ne pas garder notre douleur pour nous, de partager et d’être entourés de personnes bienveillantes.

Pendant mon parcours médical, j’ai fait la connaissance de Charly, un homme vibrant dont la détermination m’a inspirée. Puis, il y a eu Myriam, cette maman aimante qui vivait chaque jour avec intensité malgré la maladie. Théophile, avec son calme et sa sagesse, m’a rappelé l’importance de vivre dans le moment présent. Et Mélodie, cette combattante, m’a appris à ne jamais abandonner, même quand tout semblait perdu.

Avec ces nouvelles amitiés et le soutien de ma famille, j’ai tenu bon, et j’ai appris à accepter mon corps malgré ses cicatrices. Les séances d’information à l’hôpital m’ont permis de mieux comprendre ma maladie et le combat que j'avais à mener. J'ai également décidé d'adhérer à une association de patients. Cela m'a permis de parler. d'échanger et de me sentir moins seule. J'ai également compris l'importance de sensibiliser davantage les gens aux dangers du tabagisme, surtout les jeunes. Aujourd'hui, après des mois de combat, les nouvelles sont encourageantes. Même si l'avenir reste incertain, chaque jour est un cadeau que je compte bien savourer. Si mon histoire peut servir de leçon à une seule personne, alors j'aurai le sentiment d'avoir fait quelque chose de positif dans cette épreuve. La vie est précieuse, et il est crucial de prendre soin de nous-mêmes et des autres. Pour ceux qui sont toujours dans le combat, sachez que vous n'êtes pas seuls. Pour les autres, prenez soin de vous et faites des choix éclaires pour votre santé.